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La méthode du nouveau DPE remise en cause

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Actualité du 13/01/2023


Le D.P.E fait actuellement couler beaucoup d'encre.

 

Selon une étude récente d'HELLO WATT, 71% des DPE ne correspondent pas à la consommation mesurée par Linky.

Parmi les 221 logements qui ont été identifiés, 29 % sont classés dans la même classe DPE avec les deux méthodes, 40 % sont classés dans des classes adjacentes, et 31 % dans des classes ni identiques ni adjacentes.

 

Si certains aspects de cette étude sont critiquables (comparaison des consommations réelles et conventionnelles), il n’en demeure pas moins qu’avec celle d’UFC que choisir, elle vient une nouvelle fois jeter le discrédit total sur la profession de DIAGNOSTIQUEUR. 

 

L'explication la plus courante pour expliquer ces différences est de pointer du doigt le manque de professionnalisme des diagnostiqueurs ou une formation trop légère ...

 

Si il est vrai que comme dans toutes les professions ils existent des brebis galeuses, on ne peut pas sérieusement prétendre que tous les diagnostiqueurs ne connaissent pas leur métier et ont été mal formés !

 

Ce raisonnement simpliste reviendrait à dire que les organismes de certification accrédités par le COFRAC, censés valider leurs compétences, fourniraient des attestations de complaisance...

 

L'étude d'HELLO WATT met en avant aussi d'autres explications plausibles trop peu explorées  :

 

• La première est que la méthode 3CL utilisée pour estimer les propriétés des bâtiments n’est pas assez précise, ou possède un biais interne qui rend son résultat peu fiable même lorsque la méthode est appliquée correctement.

• Ou encore que les données DPE collectées par l’ADEME sont une représentation fiable de la performance énergétique des logements, mais les hypothèses faites sur le comportement des occupants sont irréalistes, et la variabilité d’un occupant à l’autre noie tout impact significatif du bâtiment lui-même sur la consommation.

 

Il fallait donc creuser la piste de bugs dans la nouvelle méthode 3CL.

 

Vous trouverez ci-après quelques remarques sur la méthode 3CL qui ont été faîtes par Mr Bruno SLAMA (Doctorant en mathématiques et Normalien). Pour lui, les remarques ci-après sont en bonne partie à l’origine des critiques sur le DPE :

 

Tout d'abord ce dernier précise que les données météo sont devenues mensuelles, mais les valeurs de 88, données globalement pour l’année, ont été conservées pour le coefficient d’orientation et la caractérisation des masques, alors que ces valeurs dépendent de la hauteur du soleil et donc du mois.

 

Ensuite il indique que dans les données mensuelles, les degrés heures utilisés : « prennent en compte … un réduit des températures à 16°C pendant la journée en semaine ». Cela signifie que l’on a introduit dans la méthode une façon de tenir compte de l’intermittence dans l’utilisation des logements. Pourtant le coefficient d’intermittence utilisé dans le calcul de consommation n’a pas été modifié.  Cela signifie que dans le DPE de 2021 l’impact de l’intermittence est compté 2 fois.

 

La méthode limite maintenant les apports gratuits pendant les périodes d’inoccupation. Cela a-t-il un impact sur le calcul de F, la fraction des besoins de chauffage couverte par les apports gratuits ? La question n’a pas été posée et le calcul de F n’a pas été modifié.

 

La version du DPE 2021 a également introduit des éléments nouveaux, comme une « méthode d’échantillonnage », utilisée pour calculer un immeuble. Cette méthode induit une incertitude de l’ordre de 20% pour les immeubles hétérogènes et l’utilisation proposée du logement moyen est grossièrement fausse pour le calcul des systèmes.

 

En octobre 2021, parmi les DPE réalisés pendant les 3 premiers mois d’application, le nombre de logements en classe F ou G était beaucoup plus élevé qu’attendu ; en particulier pour les logements anciens. Les seuils de classe n’ont pas été changés et la méthode a été « corrigée » essentiellement en introduisant une erreur manifeste dans le calcul de la ventilation des logements ventilés par ouverture des fenêtres.

 

Enfin ce dernier précise également que la première version de la méthode 3CL DPE, écrite par Bernard Sésolis (ancien gérant de TRIBU ENERGIE) , s’appuyait directement sur les travaux ayant conduit à la réglementation de 88 en ajoutant 2 idées très intéressantes : calculer les surfaces déperditives à partir de la surface du bâtiment et de sa forme, évaluer les déperditions par les parois à partir de l’année de construction pour les bâtiments construits après 1947. Cette méthode s’appuyait sur des travaux scientifiques en assumant un certain niveau d’incertitude et a permis d’avoir une vision générale des bâtiments en France.

 

Les 2 versions de « fiabilisation » du DPE ont marqué une rupture. Des ajouts de méthodes ont été faits en piochant dans des documents plus récents mais sans étude scientifique pour s’assurer de la cohérence du résultat.

 

En conclusion :

 

S’il est vrai que dans l’étude réalisée par HELLO WATT, l’une des explications plausibles repose sur le fait que : certains  professionnels qui appliquent la méthode prennent des raccourcis pour réduire sa complexité, ou ne l’implémentent pas de façon fiable pour une autre raison (erreur de calcul, absence de professionnalisme, manque de formation…), pour Bruno SLAMA, c’est dans le moteur 3 CL (2021) que réside le plus fort risque d’erreur de calcul.

 

S’il semble que des améliorations de la profession soit encore possible, elles doivent être accompagnées d’une évaluation scientifique et contradictoire de la nouvelle méthode de calcul 3CL 2021 menée par un groupe de travail incluant plusieurs bureaux d’études comme BBS SLAMA ou CARDONNEL ingénierie ainsi que les éditeurs de logiciels comme PERRENOUD et FAUCONNET. De notre point de vue, elle ne peut reposer que sur le monopole de TRIBU ENERGIE.